Visite de Charroux

Le mercredi 7 mai 2014,   49 personnes sont montées dans le car, à Châteaumeillant puis à Culan,en direction de Charroux.

Dès notre arrivée à Charroux, nous sommes pris en charge par une personne de l’office de tourisme pour une visite guidée de la ville.

 

Charroux est un ancien castrum romain sur lequel fut construit, au moyen-âge, une ville forte autonome comportant deux lignes de remparts. Les remparts extérieurs ont complètement disparus, seule une partie du rempart intérieur est encore visible, cette tour de guet tronquée en faisait partie. L’église St Jean Baptiste (dont le clocher est également tronqué pour une raison inconnue) s’appuyait sur le rempart. Un chemin de ronde courait sous sa toiture.

 

Une petite visite de l’église montre un  intérieur assez dégradé par l’humidité, les enduits qui se détachent laissent entrevoir des fresques anciennes. Un livre de chants grégorien montre la notation musicale de l’époque faite de notes carrées sur quatre lignes seulement.

Le statut de ville franche a beaucoup fait pour la prospérité de Charroux en y favorisant le commerce. Les riches bourgeois se faisaient  construire de belles maisons avec des génoises proportionnelles à leur prospérité. La plus ancienne maison de Charroux, du XIVème siècle, à encorbellements, indique combien la place était précieuse à l’intérieur des remparts.

 

Par les rues pavées de grosses pierres, on atteint la cour des Dames, intime petite place centrale du village, qui fut également la citadelle du castrum primitif.

Charroux possède de nombreux puits, éléments essentiels pour une ville fortifiée susceptible de devoir soutenir un siège, tel celui de la place de la Baume, qui lui a donné son nom en occitan (car ici on parlait occitan). La fonction défensive se retrouve également dans les caves, reliées entre elles et pouvant déboucher hors des remparts.

Mais la plus belle maison ancienne de Charroux reste la maison du Prince de Condé, adossée à la porte d’Orient, une des portes de la cité médiévale ; elle est occupée aujourd’hui  par des chambres d’hôtes.

Après ce petit tour de la ville, nous nous rendons au musée pour retrouver des sculptures, souvent  religieuses, tel ce St Jean provenant de l’église St Jean Baptiste et sauvé des destructions révolutionnaires, jusqu’à des sculptures plus légères voire érotiques  représentant par exemple cet amour à la Renaissance.

Une belle collection de cheminées, provenant des maisons de la ville, montre la richesse passée de Charroux. Un atelier de luthier est évoqué tandis que tout un autre bâtiment du musée abrite les souvenirs de la vie rurale du siècle passé.

L’heure du repas étant arrivée, nous nous  rendons à «  La ferme Saint Sébastien » pour un excellent repas. Ce que nous n’avons pas encore dit, c’est que la moutarde est une des spécialités de Charroux, nous en reparlerons cet après-midi, cela n’a pas échappé à notre restaurateur ; notons en particulier l’heureuse association moutarde – chocolat dans un macaron apéritif.

Notre première visite de l’après-midi nous conduit dans une fabrique artisanale d’huile (noix et noisettes) et de moutarde.

Les noix et les  noisettes décortiquées sont écrasées sous une ancienne meule puis la pâte est chauffée entre 40 et 65°C avant d’être pressée pour en extraire l’huile (il n’est pas possible d’obtenir de l’huile sans chauffage à partir de la pâte non traitée). Un litre d’huile nécessite 2kg de noix décortiquées ou 3kg de noisettes. Après l’extraction de l’huile, le tourteau de noisettes écrasées est excellent comme fond de tarte ou comme chapelure.

La moutarde est une autre spécialité de la maison. La graine de moutarde utilisée ne provient plus de Charroux : toutes les moutardes fabriquées en France utilisent des graines de moutarde importées du Canada. En France, la spécificité de la moutarde tient à son  vinaigre : c’est dans les zones de vignobles que sont fabriquées les moutardes ; ici c’est le St Pourçain. Les graines de moutarde sont écrasées puis mises à macérer dans le vinaigre pour provoquer la réaction chimique qui donne le piquant de la moutarde ; plus la graine de moutarde est séparée de son enveloppe, plus la réaction chimique sera intense et plus la moutarde sera forte.

Enfin la dernière spécialité de la maison est la roupette de coq, produit un tantinet coquin, à manger à l’apéritif, c’est aphrodisiaque, bien sûr ! Pour l’excellence du produit, le coq doit avoir à sa disposition au minimum une douzaine de poules.

De la moutarde, nous passons à la savonnerie de Charroux.

 Un savon est le résultat de la réaction d’un acide gras (huile ou graisse) avec une base de soude. Les copeaux de savon sont reçus en vrac sous forme de billes blanches. A ce produit, la savonnerie de Charroux ajoute différents parfums et colorants pour en agrémenter l’usage.

La savonnerie n’utilise que des produits élaborés à partir de matières nobles  telles que les huiles de palme ou de coco ou du beurre de karité bio (provenant du Burkina Faso).

Les huiles essentielles et les pigments qui sont ajoutés à Charroux sont toujours des produits naturels. Au final, le savon de Charroux a un pH neutre pour perturber le moins possible l’acidité de la peau.

Tous les ingrédients sont mélangés et homogénéisés dans un malaxeur et une extrudeuse jusqu’à obtenir une texture souple et homogène. Le produit est ensuite à nouveau extrudé pour obtenir des pains qui seront découpés en savonnettes, chacune d’entre elles étant dûment estampillée.

Notre troisième rendez-vous n’est pas le moins intéressant : nous retrouvons Mr Daniel Fonlupt , bien connu des castelmeillantais et des culanais, dans sa maison de l’horloge. Il a rassemblé ici une quantité impressionnante d’horloges, de la comtoise traditionnelle aux grosses horloges d’édifices tels que mairies, églises ou gares. Toutes ces horloges fonctionnent, alors quand sonne l’heure …

La comtoise était fabriquée exclusivement en Franche-Comté même si le nom de l’horloger inscrit sur le cadran pouvait  faire croire à une réalisation locale. Elles ont été fabriquées industriellement du 17^ème siècle jusqu’en 1915. Pour les premières horloges comtoises, le balancier n’était pas visible et le cadran était petit, il s’est agrandi au cours du temps.

 Le décor du balancier évoque le plus souvent la vie rurale mais de très intéressants décors religieux existent aussi, à destination de congrégations, par exemple. Vous avez sûrement remarqué que dans la très grande majorité des cas, les indications du cadran sont en chiffres romains, mais avez-vous remarqué que le quatre est écrit IIII et non IV ? Uniquement pour des raisons esthétiques ! Il existe cependant quelques rares horloges avec des chiffres arabes.

Parmi les grosses horloges, nous retrouvons l’ancienne horloge du chapitre de Châteaumeillant, celle de l’église de Néret, de la mairie de Saint Amand… Le passage à l’électrification des horloges publiques a permis à Daniel Fonlupt de récupérer un grand nombre des anciens mécanismes. A noter également les horloges de gare ; à partir de 1912, les indications vont de 1 à 12 et de 13 à 24, auparavant 13h n’existait pas : il était 1h de l’après-midi.

Un mécanisme d’horlogerie de 1524 est exposé au dernier étage, il est identique à celui de l’horloge astronomique de Bourges.

Daniel Fonlupt est intarissable d’anecdotes, on ne voit pas le temps passer, pourtant il est facile de voir l’heure !

Juste avant le départ, certains semblent intéressés par la visite d’une confiserie, étonnant, non ! Ici encore tout est fait à partir de produits naturels et sans colorants, alors les bonbons à la fraise sont tout bêtement blancs, mais qu’est-ce qu’ils sont parfumés !

Bon, maintenant, l’heure de partir a sonné  chez Daniel Fonlupt.  Il est vraiment temps de quitter Charroux pour rentrer à Châteaumeillant vers 19h30.

Merci à Monique, à Colette et aussi à Solange et Philippe